Réalignement plutôt que reconvertion
Depuis quelques temps, le mot “reconversion” est réapparu sous mon radar. En lisant des articles, en parcourant Linkedin, Twitter. Je me suis demandé pourquoi je n’utilisais pas ce mot dans mon vocabulaire actuel ? Ne suis-je pas concernée à vouloir remettre le confection textile au coeur de mon quotidien ? Dans nos esprits, le terme de “reconversion” laisse penser à quitter un travail pour un autre. Réapprendre un savoir-faire. Il y a une notion de radicalité. D’abandon. Et si je ne m’y retrouve pas, c’est peut-être parce que je crois plus à la recherche d’un alignement permanent, par petit pas, plutôt qu’un changement radical de travail, d’environnement. J’ai décidé de creuser cette pensée.
La première idée ou question qui me vient c’est : à partir de quand est-ce que je dois agir lorsqu’un élément de ma vie m’apporte insatisfaction ? La coach en créativité Lila Lakehal me disait il y a deux jours que de son point de vue, le challenge de notre société actuelle c’est de retrouver une capacité de concentration. Un focus sur un sujet en cours, même si je suis appelée par mille autres choses : une conversation, un article qui vient d’être publié, une envie de café. Dans toute tâche ou activité, il y a forcément une part d’inconfort, de difficulté. A partir de quand et dans quelle proportion, cela peut m’amener à un réel mal-être ? Ou plutôt, à partir de quand serais-je plus pertinent/e à faire autre chose ? Tiphanie Forget m’a présenté le modèle de la roue d’Hudson. Frédéric Hudson est philosophe, pédagogue et écrivain. Il propose une théorie sur le changement continu à l’intérieur et autour de nous. La représentation ci-dessous de son modèle nous propose d’analyser sa situation personnelle sous le prisme de l’énergie que l’on a. C’est notre niveau d’énergie qui va être un indicateur pour décider s’il est bon ou non d’agir vers un changement d’activité. En phase 2 (aussi associée à l’automne) on a des insatisfactions mais encore de l’énergie. Dans cette phase, et pour rester concentré, je me demande souvent “si tu arrives au bout de cette tâche, quelle sera ton énergie à ce moment là ?” Si je me visualise enjouée, fier de moi, je continue. Si accomplir ou non cette tâche ne me met pas en énergie, c’est qu’il faut éventuellement passer à autre chose. C’est au cours de la phase 2 que se réalise la rupture et le passage en phase 3 (aussi associée à l’automne).
Ce modèle est donc un premier outil pour savoir où l’on se situe et s’il faut persister ou décider de changer.
Ma deuxième pensée porte sur le côté radical que l’on associe à la notion de reconversion. N’importe quel changement comporte des risques qui génèrent des peurs. Quand je suis dans cette zone de marasme (étape 2) décrite plus haut, je sais ce qui ne me convient plus mais il est rarement évident de savoir ce qui me conviendrait mieux. On peut avoir des idées, être attiré par une activité “Tiens, j’aimerais bien être menuisier”. Mais en réalité, tant que l’on a pas des outils et une planche de bois entre les mains, c’est difficile de savoir. L’idée est donc de ne surtout pas mettre de côté ce qui nous attire, nous appelle mais de se débrouiller pour savoir au plus vite si cela va nous remettre en énergie ou pas. Je me souviens d’une invitation faite par Lyvia Cairo, à introduire dans sa vie, dès maintenant, le plus de choses qui puissent nous rapprocher de notre idée/envie. Dans notre exemple, cela peut être : d’aller chez Leroy Merlin une fois par semaine pour toucher du bois. Ou de s’acheter plusieurs livres de menuiserie, ou d’appeler un contact menuisier et de lui demander de décrire son quotidien, voire même de déclarer “je suis menuisier !” lors d’ un dîner entre amis. Ces petits gestes simples nous permettront rapidement de voir quels effets cela produit sur nous et, par ailleurs, nous permettront d’attirer encore plus de la même chose : qui sait, peut-être que vous croiserez un menuisier chez Leroy Merlin ou que lors de votre dîner, une personne vous proposera de contacter son oncle dans le métier depuis 25 ans !. “On attire ce que l’on vibre”. C’est comme prototyper son projet. Avec 3 bouts de ficelle, fabriquer sans efforts ni coûts ce que l’on désire voir se réaliser.
Et enfin, ma dernière idée c’est que l’on est parfois coincé en phase 3. Dans l’hiver. Que l’on ne voit que ce qui ne marche pas et que l’on n’a pas la moindre idée de ce qui nous amènerait du mieux. A ce sujet, j’ai beaucoup aimé l’épisode 1 du podcast PAUME.ES. dans lequel il est décrit un outil simple pour se mettre sur la voie du mieux. Il s’agit de dessiner sur une feuille un camembert et de le diviser en 6 parts égales. Dans chaque part, on note ce dont on a besoin pour être bien dans notre quotidien professionnel (on peut faire le même exercice appliqué à sa vie de couple, de famille, ses relations amicales, etc.) Puis, on grise chacune des parties en fonction de notre niveau de satisfaction par critère. On pose le crayon et on regarde. Cette première étape peut nous amener une prise de conscience “Non mais en fait ça va…” Ou “Mince mais ma satisfaction est globalement très basse”. Ou “Ah ouais en fait il y a un critère qui coince”.
La dernière étape de l’exercice consiste à décider à propos de quel critère on souhaite en priorité améliorer. Et de le noter sur sa feuille. Puis, de réfléchir, seul ou à plusieurs (partager cette feuille avec son conjoint par exemple peut nourrir des réflexions riches et qui rapprocheront) toute une liste d’actions à mettre en oeuvre à court, moyen terme pour agir sur ce critère et voir la case se griser.
C’est un exercice qu’il est parfois bon de faire et refaire. Et qui permet d’avoir une réflexion vraiment personnalisée.
Donc plutôt que de parler de reconversion j’aime parler de réalignement. Car en réalité, agir sur un élément de sa vie professionnelle peut parfois vraiment faire bouger son niveau d’énergie. Et l’action requise peut porter sur une évolution de son job actuel, de son temps de loisir ou nous amener dans un tout nouveau contexte. Et puis très clairement, étant donné la société mouvante dans laquelle nous vivons, chercher un réalignement permanent est moins fatiguant que d’initier des reconversions.
Avoir ces réflexions à plusieurs apporte tellement plus de richesses. L’idée d’animer un atelier de groupe autour de ces questionnements commence à germer. J’espère avec mon amie Céline Valéro de Much More CV. Dans un lieu agréable avec une vraie recherche d’excellence !
Qu’en pensez-vous ?