Je suis coach et je suis coachée
Je viens de dépenser 750 euros dans un programme de coaching en ligne.
Parce que le programme fermait ce soir. Parce que cela fait dix fois que je relis la page de vente, que chacun des mots écrits sur cette page fait écho à ce que je vis, recherche, ressens. Parce que je suis surexcitée à l'idée de rejoindre ce groupe d'entrepreneures, parce que l'auteure du programme m'interpelle depuis des semaines par sa simplicité et la pertinence de ses messages. Parce que j'ai envie de la faire entrer dans ma vie. J'ai payé en un clic une somme importante que je mettrais, dans le monde physique, des mois à dépenser. Mais je me sens bien, sereine, pressée de démarrer cette aventure, d'apprendre, de grandir. C'est un cadeau que je me fais en quelques sortes. Je sais qu'il va me faire pousser des ailes et rayonner sur mes clients par la même occasion. C'est un investissement. Il me réjouit. Je vois passer de nombreux programmes de nanas que je suis. Je laisse passer plein d'occasions. Mais là j'ai cliqué, j'ai payé, et je suis devenue une aventurière.
Ce n'est pas le premier accompagnement que je m'offre. J'ai même plusieurs coachs. Plusieurs axes de développement que je travaille en parallèle. Tout ça commence à représenter une belle somme d'argent. Et je ne regrette aucun de ces euros investis. Chacun de ces accompagnements m'a apporté quelque chose.
Je croise pour le moment assez peu de gens qui sont dans la même démarche. Quand j'en parle, je surprends, j'interroge, je fais sourire. Il y a un côté tabou à demander de l'aide. Dans les entreprises que j'accompagne, la démarche de faire appel à un ou plusieurs coachs est assez longue à aboutir. Et quand j'arrive auprès des équipes, je suis toujours surprise du temps que les gens mettent à venir me voir, à me parler de leurs projets, problématiques, réflexions. Pourtant je suis là, sans jugement, prête à les aider, à leur apporter un regard extérieur sur leur problématiques. Je suis payée pour ça. J'ai envie de faire ça. Et non. Ils ne m'utilisent pas.
Dans notre société, tout le monde est à l'aise avec l'idée que le sportif a un coach. Qu'il travaille son mental, son physique avec son coach. Qu'il est quotidiennement accompagné pour dépasser ses limites, révéler son potentiel, s'entendre dire qu'il va y arriver. Pourquoi seuls les sportifs s'autorisent cet accompagnement ?
Aujourd'hui je suis coach et je suis moi-même coachée : pour décorer mon appartement, pour m'apprendre à ranger, pour élever mon enfant dans le bonheur et le plaisir, pour développer mon entreprise, pour faire grandir mes compétences, pour mettre en oeuvre mes idées, pour ...
J'ai observé plusieurs choses dans cette demande d'accompagnement :
Je ne vais travailler qu'avec des personnes avec qui j'ai un feeling. Avoir un feeling c'est se dire : "j'ai envie de parler des heures avec cette personne. Cette personne me rend curieuse. Cette personne me met en confiance". Tiens, réflexion du moment : c'est peut-être pour ça qu'en entreprise, les gens ne viennent pas vers moi. Peut-être que certains ont un feeling et pas d'autres. C'est compliqué de se voir imposer un coach.
S'il y a le moindre truc qui bloque au delà de la personne : son tarif, son langage, son mode de communication, son style, je n'y vais pas.
Je retire beaucoup plus de choses d'un accompagnement quand j'ai réfléchi en amont à ce que je voulais en obtenir : dans 3 mois j'ai envie d'être .... Je me sens... Ma journée ressemble à ....
Je ne force rien même une fois la démarche lancée. Je m'autorise à arrêter à tout moment parce que ce n'est plus juste pour moi, parce que mes priorités ont changé, parce que financièrement c'est devenu compliqué.
J'aime l'idée d'être transparente et de communiquer sur le fait que je ne suis pas arrivée là où je suis sans aide.
J'aime l'idée que ça inspire d'autres personnes pour qu'elles aussi osent demander de l'aide et faire de grandes choses.